Le Chalet de la Haute Joux est un village vacances Cap France situé à Cerniébaud, petit village du plateau de Nozeroy, au pied du Massif de la Haute-Joux, à près de 1 200 mètres d’altitude. L’association du Chalet de la Haute Joux, qui gère l’établissement depuis sa création en 1983, en est propriétaire depuis 2020, à la suite du rachat auprès de la Communauté de communes Champagnole Nozeroy Jura. Cet établissement compte 122 couchages répartis sur le bâtiment principal Chalet de la Haute-Joux, le Chalet de l’Alliance, les Loges du Jura, 24 couchages dans un gîte de groupes et une yourte.
Un système de chauffage biomasse a été mis en place au sein de votre établissement, pouvez-vous nous expliquer comment ce projet a-t-il vu le jour ? Qui en a été à l’initiative et quelles ont été les raisons qui ont appuyé cette décision ?
L’installation du système de chauffage date de 1999. Le SIVOM du plateau de Nozeroy était propriétaire du Chalet de la Haute-Joux à l’époque. Dans les années 1993-1996, l’AJENA a lancé un programme Bois Energie, qui accordait une subvention pour encourager l’installation d’équipements écologiques. Cela s’est fait à ce moment-là, les administrateurs ont décidé de porter ce projet et notamment Monsieur MUYART, qui était à l’époque Vice-Président du Chalet de la Haute-Joux et aussi Responsable environnement au Conseil général du Jura. Le président de l’association Monsieur Baud était aussi très engagé, et il est notamment allé visiter deux chaufferies, une en Suisse et une implantée sur le Territoire de Belfort. Le choix s’est porté sur une chaudière Schmid, qui est une marque de bonne qualité, et la chaudière fonctionne encore très bien aujourd’hui.
Les personnes à l’initiative du projet étaient en quelques sortes des précurseurs car encore aujourd’hui la plupart des systèmes de chauffage sont au fioul ou au gaz.
C’était assez surprenant de faire ce choix-là pour l’époque et les personnes qui ont porté ce projet n’ont pas été moqués, mais presque. Il faut dire que l’association du Chalet de la Haute-Joux est depuis toujours très engagée écologiquement.
C’était un projet ambitieux car c’est une très grosse installation. C’était un très gros investissement pour l’époque, bien que je ne connaisse pas le coût exact. Une subvention a été accordée par le Conseil général c’est certain. Le Président du Conseil Général, Gérard Bailly a tout de suite été enthousiaste pour soutenir le projet et ça a été l’un des premiers projets à être financé par le biais de ce programme
Comment ce système de chauffage fonc-tionne-t-il ? Quels en sont les avantages ?
Nous avons deux chaudières qui sont interconnectées : une chaudière biomasse, qui fonctionne avec des plaquettes de bois, et une chaudière au fioul, qui prend le relai en cas de défaillance.
C’est obligatoire pour un établissement comme le nôtre qui accueille du public l’hiver en altitude de pouvoir continuer à chauffer l’établissement en cas de problème.
En ce qui concerne la chaudière à bois, c’est notre chaudière principale qui sert à chauffer le Chalet de la Haute Joux et les Loges du Jura et depuis 2007 la piscine intérieure. Seul le Chalet de l’Alliance, qui n’est pas sur le même site mais qui est situé en centre-bourg, est au chauffage électrique.
La chaudière a maintenant 25 ans mais elle est très robuste et notre prestataire est très efficace. Hormis la maintenance classique, elle nécessite très peu d’entretien, il faut seulement la décendrer une fois par semaine, soit l’équivalent d’un seau. C’est notre agent de maintenance qui s’en occupe en interne. On se sert de la cendre pour mettre au pied des arbres malades ou pour les extérieurs.
On fait appel à une petite scierie locale « Nature bois énergie », qui nous fournit en plaquette de bois.
Les administrateurs ont tenu à respecter les valeurs de l’association qui figurent dans ses statuts à savoir privilégier les acteurs du territoire et les circuits courts. Le prestataire se fournit en bois auprès des communes alentours, le broie et nous le livre. La chaufferie se trouve sous les cuisines avec une capacité de stockage de 40m3, le prestataire n’a qu’à venir nous le livrer, c’est très facile et très bien pensé, nous n’avons même pas besoin d’être là.
C’était un choix écologique, mais aussi et surtout économique, car on sait que le chauffage est un poste de dépense conséquent.
Le prix est très intéressant car beaucoup de forestiers cherchent à se débarrasser de leurs déchets bois. Seul le prix du transport a augmenté cette année. C’est bien simple, sans cette solution, avec la hausse du coût des énergies et du fioul notamment, ce serait très compliqué de chauffer l’établissement à l’heure actuelle. Rien qu’en 15 jours en janvier, la chaudière était tombée en panne et c’est la chaudière au fioul qui avait pris le relais, le prix a été multiplié par 3 ! Concrètement, notre poste de dépense serait multiplié par trois si on n’avait pas ce système-là. Sachant qu’aujourd’hui, cela représente 7% de notre chiffre d’affaire.
C’est un très gros investissement au démarrage mais qui permet de véritables économies sur le long terme. C’est un choix stratégique et c’est une erreur de dire que ça coûte trop cher, car on s’y retrouve à la fin. Bien sûr il faut avoir les reins solides au départ, pouvoir mettre des financements avec un accompagnement de la Région, du Département pour que cela soit possible. Je remercie vraiment les personnes qui ont été à l’origine de ce projet car si on survit bien aujourd’hui c’est grâce à ces décisions-là.
Le Chalet de la Haute-Joux développe-t-il d’autres projets en matière d’écologie et de développement durable ?
Oui tout à fait, à la suite du rachat de l’établissement, de grands travaux ont été fait pour la rénovation du bâtiment et notamment pour avoir une meilleure isolation du Chalet de l’Alliance. La restauration s’est faite sur 3 ans avec un montant des travaux qui s’est élevé à 180 000 €. L’association a reçu des aides importantes de la région qui a financé 80% du projet, sans quoi cela n’aurait pu se faire.
Aujourd’hui, grâce à cette isolation, le prix du chauffage n’a pas augmenté pour le Chalet de l’Alliance bien qu’il soit à l’électrique.
Aussi nous sommes en train de développer un projet qui prévoit de faire des chalets supplémentaires tout en basse consommation et beaucoup plus autonome en énergie. On passe par des spécialistes de la construction bois et on mise tout sur l’isolation avec une ossature bois et des murs épais avec un isolant laine de bois.
L’objectif est de ne pas dénaturer l’environnement, les clients viennent chercher le calme, la nature, et ils sont très sensibles à ces choix-là.
Aussi, nous avons une démarche au maximum zéro déchet et circuit court, que ce soit dans les chambres, avec des savonnettes sans emballage faites dans le Jura, ou encore à travers la création de composteurs sur le site. Une ferme à cochons voisine récupère une partie des déchets alimentaires, et on garde le pain en récompense pour nos poneys, qui « tondent » aussi les pelouses. Autant de petits gestes et actions que l’on essaie de promouvoir au quotidien.